Le canon d'assaut Sturmgeschütz III

Publié le par jean-gabriel dupuy

     Le 15 juin 1935, la firme Daimler-Benz fut chargée de l'étude d'un projet qui allait devenir l'un des plus fameux canons automoteurs de l'armée allemande. La phase "bureaux d'études" s'éternisa et le nouvel engin blindé n'entra en fabrication qu'en février 1940, il utilisait le même châssis que le Pz.Kpfw.III.


     Les premières versions A, B, C, D et E furent armées d'un canon de 75mm court (L/24) monté en casemate avant. La première version se reconnaissait aisément aux deux trappes d'inspection circulaires de la cuirasse frontale du châssis. Sur la gauche du poste de conduite, juste derrière lui, une fente de visée était ménagée dans l'épaisseur de la superstructure. Elle fut supprimée sur les modèles ultérieurs. L'approvisionnement en munitions était confié à des engins semi-chenillés légers avec remorques. La version A fit sa première apparition en combat pendant la campagne de France.
     Les versions B, C et D ne présentaient que peu de différences par rapport à la première, à l'exception de la suppression des trappes frontales. La version E était reconnaissable au coffre supplémentaire qu'elle portait sur la droite de la superstructure, en complément de celui du flanc gauche. Sur les chars de commandement, ce coffre contenait un poste radio de rechange, sur les autres une réserve de munitions.


     Le besoin d'un canon plus puissant et plus efficace contre les chars fit monter successivement sur ce châssis des pièces de 75 L/43 puis L/48. Ces derniers ne furent que des modèles de transition, destinés à ouvrir la voie à la version G qui fut produite en très grande série par Alkett, MIAG et Krupp.
     Le châssis retenu pour le Stu.G fut celui du Pz.Kpfw III Ausf.L, sans trappe d'accés sur le flanc gauche , mais avec des portes d'inspection de la transmission et du réducteur fermées par des volets à charnières latérales. La superstructure de configuration rectangulaire était formée de plaques latérales soudées et d'une toiture fixée par des vis. Sa paroi postérieure consistait en une plaque verticale sur laquelle étaient montés le ventilateur, protégé par un masque circulaire, et deux supports d'antennes pour l'équipement radio. Sur la droite de la couverture, en position légèrement rehaussée, était ménagée une trappe d'accès à double battant. Devant celle-ci on avait fixé l'affût-bouclier de la mitrailleuse en dotation au char, qui reposait en position normale sur le toit du compartiment de combat et que l'on soulevait et mettait en position de tir en renversant la trappe avant du mitrailleur et en la bloquant sur un cran prévu à cet effet. Sur le côté gauche de la couverture, toujours dans la partie surélevée, on avait soudé sur la bordure supérieure d'un support cylindrique de 30cm de haut un tourelleau à sept épiscopes. Ce tourelleau était fermé par une porte de trappe circulaire dans laquelle était ménagé un orifice pour la lunette panoramique.


     L'arme principale était le canon de 75mm L/48 monté en position légèrement asymétrique sur la droite de l'axe du châssis. Son recul était limité à moins de 50cm grâce à la puissance des deux freins supérieurs et au frein de bouche à deux étages.
     Quatre hommes prenaient place dans le compartiment de combat et de conduite : le chef de char à gauche et derrière (pour l'accès au tourelleau), le tireur (au centre à la gauche de la pièce), le chargeur (à droite et derrière; il servait aussi de radio et de mitrailleur) et le pilote (à gauche à l'avant). Ce dernier ne disposait pas d'un dispositif optique très élaboré. Les orifices initialement prévus pour lui permettre de voir quand les trappes étaient rabattues furent par la suite masqués par la superposition d'une nouvelle plaque de blindage soudée.
     La seule amélioration apportée au Sturmgeschütz III date de 1944. Elle concernait sa protection seulement : adoption du "Saukopf" (sorte de masque arrondi usiné par moulage), mitrailleuse télécommandée de l'intérieur et blindage du type "jupes". Dans le cadre de la même évolution, ce châssis servit ensuite de support au Sturmhaubitze, armé d'un obusier de 105mm L/28 à la place d'un canon de 75mm.
     La version G atteignit le total approximatif de 7000 exemplaires dans les deux calibres, à partir du printemps 1942, sur un total d'environ 10 000 canons d'assaut de toutes versions.


     Comme il a été dit plus haut, les unités de canons d'assaut reçurent leur baptême du feu lors de la campagne de France, à laquelle participèrent quatre batteries autonomes dont l'une affectée comme 16° compagnie du régiment d'infanterie motorisée Gross Deutschland. Les autres étaient en réserve à l'échelon de l'armée. Dans le dispositif type 1940, la batterie comprenait trois pelotons de deux pièces et son emploi était exclusivement destiné au soutien de l'infanterie. En 1941, on vit la création des premières formations (abteilung) à trois batteries. Aux échelons unité et batterie, le commandement n'était pas encore doté de Stu.G mais de véhicules semi-chenillés.
     Lors de l'offensive vers l'Est, il existait six unités de ce type, deux par groupe d'armée. Fin 1942, il y en avait 27 et les commandements de batteries furent dotés d'un Stu.G qui, avec l'engin de réserve de chaque peloton, portait la dotation de la batterie à 10 chars. Par la suite (en 1943) le commandement d'abteilung reçut à son tour un Stug III après quoi le tableau de dotation demeura inchangé jusqu'à la fin du conflit. En 1944, quelques brigades furent renforcées par une 4° batterie et leur dotation ainsi portée à 45 automoteurs.



     Parmi les alliés de l'Allemagne, les Finlandais furent ceux qui utilisèrent  le plus le canon d'assaut Stu.G.III (en version G) rebaptisé par leurs soins Stu.40"Sturmi". Ils l'apprécièrent énormément et portèrent à 55 le nombre de leurs Sturmi. Ils maintinrent ce matériel en service jusqu'en 1966. A peine modifiés par rapport au modèle initial, les Sturmi de 1944 bénéficiaient souvent d'une protection latérale complémentaire faite de robustes troncs d'arbres.
     L'Italie eut elle aussi à sa disposition, pendant quelques mois, une douzaine de ces Stu.G.Ausf.III cédés au printemps 1943 au Groupement Blindé "Leonessa".

  
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