LE PANZERKAMPFWAGEN VI "TIGRE"

Publié le par jean-gabriel dupuy

     A l'origine du célèbre char lourd allemand Tigre, il y a l'étude d'un char de 30 tonnes conduite en 1937 par la société Henschel en vue du remplacement du Pz.Kpfw.IV qui entrait en service à cette époque. A la déclaration de guerre, les études en furent accélérées. La société Porsche, désignée en renfort de Henschel, proposa un prototype, le Type 100, à propulsion mixte essence/électricité et suspension à barres de torsion longitudinales supportant des galets de roulement indépendants.


     Entre-temps, de nouvelles spécifications avaient été diffusées qui se concrètisèrent par la présentation de deux modèles de 45 tonnes armés (pour surclasser les chars soviétiques) de la pièce lourde de 88mm. Ces prototypes furent achevés au printemps 1942 et présentés à Hitler le 20 avril. Le projet de Henschel parut le meilleur et fut aussitôt adopté comme char de combat modèle 6 type E (Pz.Kpfw.VI Tiger Ausf.E). On conserva la tourelle créée par Krupp pour la pièce de 88mm.
     Le Tigre Ausf.E entra en fabrication en août 1942 puis avec l'apparition d'une version améliorée dite "Tigre Royal", il reçut la dénomination de Tigre I.

 
     Le transport d'un engin aussi lourd (56 tonnes) sur le réseau ferroviaire posa de gros problèmes du fait de ses dimensions notamment. Pour respecter le gabarit, il fallait démonter les chenilles, ôter les galets de roulement extérieurs puis remonter les chenilles. Avec du personnel entraîné, l'opération ne prenait pas moins de 25 minutes. Pour les déplacements stratégiques des unités de Tigre, la Reichsbahn dut se procurer 270 wagons plateformes spéciaux pour charges lourdes, 82 tonnes au maximum. Plus tard, le parc s'enrichit de 470 plateformes Ssys d'une charge maximale de 52 tonnes environ. Les premières étaient réservées au transport des Tigre E et B, des Ferdinand, des Sturmtiger et des Jagdtiger, tandis que les secondes servaient au transport des Panther.
     Comme la masse du char lui interdisait la traversée des ponts du génie de classe normale, on incorpora au moteur un dispositif qui, à l'aide de tubulures extensibles, permettait la marche en immersion complète jusqu'à 3 mètres de profondeur. Non sans analogie avec les filtres anti-poussières Feifel, ce dispositif fut supprimé par la suite pour diminuer les coûts et simplifier la fabrication.
     Le châssis était assemblé par soudure et par des joints à encastrement. Assez curieusement, il présentait presque partout des surfaces verticales. Particulièrement pratique et intéressant se révéla l'élargissement de la superstructure au-dessus des chenilles, qui permit un arrimage commode de l'encombrante dotation en munitions et l'adoption d'une circulaire de tourelle assez grande pour le montage d'un gros canon, la pièce de 88mm en l'occurence.
     Il est intéressant de noter que, malgré des épaisseurs de blindage considérables (100mm à l'avant du châssis, 120mm à la tourelle et plus de 80mm sur les flancs) le Tigre fut loin d'être invulnérable, même s'il pouvait encaisser sans effets mortels pour son équipage des coups au but qui eussent provoqué la désintégration totale de tout autre char.

   

     L'armement de tourelle comprenait la pièce de 88 couplée à une mitrailleuse de 7,92mm. Comme armement secondaire, le Tigre possédait une mitrailleuse sous casemate sphérique avec affût à l'avant droit, cinq lance-mines de type S et deux dispositifs fumigènes. Il était doté d'un équipement très sophistiqué pour la navigation (compas gyroscopique), les transmissions et la visibilité.
     Au-delà du numéro 251, un moteur plus puissant fut installé, tandis que disparaissaient les filtres tropicalisés et l'équipement de franchissement de gués. Au même moment, on adopta les galets de roulement entièrement métalliques et le tourelleau en service sur le Panther et le Tigre Royal. Les Tigre ainsi modifiés n'avaient plus la rangée extérieure de galets de roulement, et les lance-mines et dispositifs fumigènes y furent remplacés par un lance-bombes monté sous tourelle et se chargeant de l'intérieur. L'adoption du tourelleau du Panther permit l'installation sur le Tigre de la mitrailleuse contre-avions.

 
     Le Tigre fut employé pour la première fois en 1942 sur le front de Léningrad avec des résultats médiocres. Par la suite, deux unités rejoignirent la Tunisie (ce qui permit aux alliés de s'emparer de leurs secrets), sans qu'il aient apporté une contribution opérationnelle bien notable. Sur le front de l'Est, le Tigre obtint de meilleurs résultats, une fois sa tactique d'emploi mise au point. Il en fut de même sur le front de l'Ouest après le débarquement de Normandie. Mais le sort de la guerre était déjà joué et le "char le plus puissant du monde" , érigé en symbole par la Panzerwaffe, ne pouvait plus rien pour en modifier le cours.

 

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